Les micros et caméras de votre smartphone seront-ils activables à distance par la police ?

Par Vincent le 19 mars 2024 à 11h03

L’article sur l’annulation de l’espionnage des téléphones en France, qui a récemment été débattu au Sénat et au Conseil Constitutionnel, aborde une question délicate et importante concernant la vie privée et la surveillance. On va essayer d’y voir un peu plus clair.

Contexte et décision du Conseil Constitutionnel

  • La loi initialement adoptée par le Sénat autorisait les forces de l’ordre à activer à distance la caméra et le micro d’un smartphone dans le cadre d’une enquête judiciaire. Cette mesure s’appliquait particulièrement aux affaires de terrorisme et de criminalité organisée​​.
  • Le 16 novembre 2023, le Conseil Constitutionnel a censuré cette mesure, jugeant qu’elle portait une atteinte particulièrement importante au droit au respect de la vie privée. Plusieurs articles de la loi ont été considérés disproportionnés et donc invalidés​​.
  • Parmi les autres articles de loi censurés, il y avait l’interdiction du recours à la visioconférence dans certaines procédures juridictionnelles, et la présence physique des magistrats durant les audiences et délibérations a été jugée essentielle​​.
  • L’article sur la confidentialité des consultations juridiques par un juriste d’entreprise a également été rejeté pour ne pas être lié au texte de loi original​​.

Origine et objectifs de la Loi

  • La mesure était portée par le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, et incluse dans son projet de loi justice. Elle visait à faciliter les enquêtes dans des cas de criminalité organisée ou de terrorisme, permettant l’activation à distance de dispositifs électroniques pour capter des sons et des images​​​​.
  • Avant cette loi, les enquêteurs devaient poser physiquement des mouchards ou micros pour des captations similaires, ce qui était devenu moins efficace avec l’utilisation croissante de messageries chiffrées comme Telegram​​.
  • Le Conseil constitutionnel a été saisi par des députés de La France insoumise (LFI) qui critiquaient la loi pour son atteinte à la vie privée, une préoccupation partagée par des avocats et ONG​​.

Autres aspects de la décision

  • Le Conseil constitutionnel a, en revanche, validé la mesure permettant l’activation à distance d’appareils électroniques à des fins de géolocalisation, jugée moins intrusive pour la vie privée​​.
  • Cette décision a été accueillie favorablement par des syndicats et des membres du Conseil national des barreaux, mais a suscité des regrets chez certains syndicats de police qui la considéraient cruciale pour lutter contre la criminalité​​.

La décision du Conseil Constitutionnel reflète une tension constante entre les impératifs de sécurité et la protection de la vie privée. Elle souligne l’importance des garanties constitutionnelles et des débats démocratiques dans l’élaboration des lois touchant aux droits fondamentaux des citoyens.