L’Inde fait marche arrière : Apple ne sera pas forcé d’installer l’application d’État
Face à une vive levée de boucliers, le gouvernement indien a renoncé à son projet de contraindre les fabricants de smartphones à préinstaller une application gouvernementale sur leurs appareils. Ce recul marque une victoire pour Apple et les défenseurs de la vie privée, bien que les autorités n’aient peut-être pas dit leur dernier mot.
Les autorités indiennes ont opéré une volte-face rapide ce mercredi en annulant une directive controversée émise moins d’une semaine plus tôt. Le 28 novembre, le ministère des Communications avait envoyé une instruction confidentielle aux constructeurs de téléphones, dont les géants Apple et Samsung. Cette ordonnance exigeait l’installation par défaut de l’application « Sanchar Saathi » sur tous les nouveaux appareils vendus dans le pays. Plus contraignant encore, le texte spécifiait que ce logiciel d’État devait être intégré de manière à ce qu’il ne puisse être ni désactivé, ni restreint par l’utilisateur final.
Cette exigence a immédiatement provoqué une fronde de la part des industriels et des experts en sécurité. Apple et Samsung ont opposé une résistance ferme, déplorant notamment que cette mesure drastique ait été décidée sans aucune consultation préalable avec les acteurs du secteur. Parallèlement, des spécialistes de la cybersécurité ont tiré la sonnette d’alarme, soulignant les graves menaces que cette obligation faisait peser sur la confidentialité des données et le droit à la vie privée des citoyens indiens. La pression combinée du public et des entreprises a finalement contraint New Delhi à retirer son ordre.
Malgré ce retrait stratégique, le gouvernement indien tente de minimiser l’incident en insistant sur la popularité croissante de son outil. Les autorités ont souligné que la polémique avait paradoxalement servi de publicité, engendrant un pic de 600 000 nouvelles inscriptions sur la plateforme pour la seule journée de mardi. Le ministre des Communications, Jyotiraditya Scindia, est monté au créneau pour défendre l’intégrité du projet, assurant que les craintes liées à une potentielle surveillance de masse étaient infondées et qu’aucun espionnage n’était possible via cette application.
Si cette décision constitue un soulagement immédiat pour la firme de Cupertino, la bataille n’est peut-être pas définitivement gagnée. Ce recul gouvernemental ressemble davantage à une pause tactique qu’à un abandon total de la souveraineté numérique visée par l’Inde. Les observateurs notent que rien n’empêche l’administration de revenir à la charge ultérieurement avec une nouvelle stratégie ou des exigences techniques reformulées pour imposer ses solutions numériques nationales.